Le Nietzsche Lounge, philo du quotidien. |
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Volyova |
26/02/2007, 11:59
Message
#1
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Aldebarans narcophilae Et c'est pas fini ! Groupe : Bricoleurs Messages : 6 778 |
Un sujet pour discuter un peu sérieusement de questions sérieuses (tout en restant léger )
Ce matin Cathy, la patronne du petit café/restaurant dans lequel je bois mon jus me racontait un truc qui m'a laissé pensive et m'embête toujours un peu... L'un de ses clients, entrepreneur (bâtiment), est venu déjeuner un midi avec l'un de ses ouvriers. Ce jour là , c'était "Choucroute". Cathy a soudain vu l'employé se lever brusquement et sortir en claquant très violement la porte. Elle s'est approchée de son client qui se levait précipitamment et a demandé ce qui se passait. Le patron lui a répondu que son employé était musulman. Cathy est donc sortie et a apostrophé le gars qui s'était éloigné en lui disant : - Dîtes donc, ce n'est pas parce que mon menu ne vous convient pas que vous devez sortir en claquant la porte!!! - J'suis musulman, je mange pas de porc! lui répond le gars. - Ben, ouais, mais moi, quand je viens chez toi au Maroc, j'me ballade pas en jupe ras la moule!! Alors tu respectes aussi mes traditions!!! Sur le coup, quand elle me l'a raconté, je lui ai dit qu'elle y était allée un peu fort quand même. Elle aurait pu lui proposer un autre plat dans la mesure où elle le pouvait, lui faire une salade ou autre chose. Puis je me suis dit que quand même la réaction du gars avait été disproportionnée. Pourquoi une réaction aussi violente ? Peut-être n'était-ce pas la première fois que ce client ne pouvait choisir un menu correspondant à ses croyances ? Peut-être n'était-ce pas la première fois qu'on lui signalait involontairement sa non appartenance à la même société ? Peut-être était-ce le détail de trop qui ajoutait encore à la stigmatisation de sa religion de "terroristes" ? Mais alors, cela veut-il dire que tous les cafés de Paris vont devoir se mettre au menu Hallal et Kasher ? Cathy n'a-t'elle pas un peu raison de dire que nos traditions sont aussi respectable que les siennes ? Dans quelle mesure puis-je concilier ma conception de la société et la sienne sans qu'il se sente lésé et sans que je me sente contrainte ? Bref, depuis ce matin, cette histoire me conforte dans l'idée que décidemment la religion et ses principes sont bien plus souvent sources de conflits que de fraternité! Et vous, vous en pensez quoi ? |
Scribe |
20/03/2008, 11:39
Message
#2
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Noircisseur de papier virtuel Et c'est pas fini ! Groupe : Bricoleurs Messages : 5 752 |
Je sais pas comment elle est morte mais c'est clair que la France est en retard dans le domaine et repousse toujours de faire évoluer la question, jusqu'à ce qu'un nouveau cas se présente et qu'on se retrouve dans la même impasse.
En France, on a une peur maladive de la mort qu'on masque sous un hypocrite "Oh mais la vie c'est sacré, c'est un meurtre, blablabla". Je suis bien d'accord qu'il faut encadrer ça avec beaucoup de rigueur, mais de là à imposer une vie de souffrance à ces personnes condamnées, c'est inhumain. Un être humain en bonne santé (physique j'entends... ) a droit au suicide, mais un malade aaah non, interdit! On achève bien les chevaux... La mort c'est un sujet qui reste encore complètement tabou en France (bon y'a pas qu'en France hein). Y'a des meurtres à la pelle dans les journaux, de la violence sanglante, et du coup on oublie ce qu'est vraiment la mort, la vraie. On n'en parle pas aux enfants, on les laisse seul face à ça parce que les parents ont pas les couilles d'en parler à leurs enfants. Et quand est passé le temps des terreurs enfantines, que l'enfant est grand, on ne lui en parle pas davantage, on considère qu'il sait ce que c'est, la mort, il la voit tous les jours à la télé. Et puis quand papi est mort, il a bien compris, bien sûr. Il a vu ce que c'était. Tu parles, on lui a dit que papi était décédé, qu'il nous avait quitté, ou un truc du genre (on a quand même un peu évité de dire qu'il était mort, c'est le mot tabou). Il a vu un corps allongé, il a vu un cercueil, s'est-il interrogé une seconde sur la fin de sa propre vie ? Non, une fois rentrés du cimetière, on a fait en sorte d'oublier ça bien vite. Est ce que mourir, c'est si terrible que ça ? Parlons aux athées, puisque la mort n'effraie pas le croyant, du moins pas le vrai. C'est quoi concrètement pour nous-même ? Peu de gens se posent la question, ou alors ils y pensent et puis bien vite oublient parce que la perspective de la mort leur cause une telle angoisse qu'il la repoussent jusqu'à ce qu'elle s'impose à eux. Avant de dramatiser la mort, il faudrait peut-être prendre le temps de réfléchir à la question. Quand j'étais petit, lors de la sieste à l'école, je me souviens d'après-midi entières passées dans mon petit lit à y penser, terrorisé à l'idée qu'un jour tout ce que je suis, moi, je disparaîtrai, je ne me souviendrai plus de rien, que j'allais arrêter de vivre, forcément, inéluctablement. Et puis un jour en cours de philo j'ai lu un texte, je n'irai pas jusqu'à dire que ça a été une révélation mais ça a complètement changé l'idée que je me faisais de la mort, et depuis cette idée ne m'effraie plus. C'est un texte d'Epicure, extrait de la "Lettre à Ménécée". Prends l'habitude de penser que la mort n'est rien pour nous. La mort est absence de sensation. La craindre est donc une absurdité car il ne peut y avoir de douleur dans la mort. C’est en prenant conscience de la réalité de cet état d’absence de sensations que l’homme peut se libérer de sa crainte et vivre heureux. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de toute sensibilité. Par conséquent, la connaissance de cette vérité que la mort n'est rien pour nous, nous rend capables de jouir de cette vie mortelle, non pas en y ajoutant la perspective d'une durée infinie, mais en nous enlevant le désir de l'immortalité. Car il ne reste plus rien à redouter dans la vie, pour qui a vraiment compris que hors de la vie il n'y a rien de redoutable. On prononce donc de vaines paroles quand on soutient que la mort est à craindre non pas parce qu'elle sera douloureuse étant réalisée, mais parce qu'il est douloureux de l'attendre. Ce serait en effet une crainte vaine et sans objet que celle qui serait produite par l'attente d'une chose qui ne cause aucun trouble par sa présence. Ainsi celui de tous les maux qui nous donne le plus d'horreur, la mort, n'est rien pour nous, puisque, tant que nous existons nous-mêmes, la mort n'est pas, et que, quand la mort existe, nous ne sommes plus. Donc la mort n'existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu'elle n'a rien à faire avec les premiers, et que les seconds ne sont plus. C'est tout bête, mais je trouve ça très juste et très vrai. (bon désolé j'ai un peu digressé... ) |
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