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> Tous les textes du jeu N° 5, pour lecture.
reekoo
* 12/10/2012, 10:13
Message #1

Faudrait voir à se calmer

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Voilà les textes de la cinquième édition !

(Un peu plus tôt que prévu, pour cause de gastroentérite m'obligeant à rester chez moi aujourd'hui. Je suis sûr que l'un de vous est responsable. Qui m'a fait marabouter ? Qui ?

Bref. La dernière édition avait réuni quatorze plumes différentes. Cette année, il n'y en a malheureusement que neuf : certains étaient trop occupés, d’autres ont disparu de la circulation, etc... Mais ce qui est chouette, c'est que malgré ce nombre restreint de participants, nous avons dix neuf textes, comme pour la quatrième édition. En effet,plusieurs d'entre vous ont fait l'effort d'écrire plusieurs textes. Un grand merci, donc!

Passons maintenant aux choses sérieuses.

Le but du jeu est de trouver qui a écrit quoi.

Vous devez m'envoyer vos propositions par MP (sinon, ce serait trop facile).
Quand vous me faîtes vos propositions, mettez en gras les réponses qui sont bonnes et que je vous ai déjà confirmées, ce sera plus simple à gérer.

Les participants :

Eldrid : 1 texte
Ellora : 2 textes
GGofLove : 3 texte
Grover : 1 texte
Manloc : 3 textes
reekoo : 3 textes
Sarah : 1 texte
Scribe : 3 textes
Volyova : 2 textes
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reekoo
* 12/10/2012, 10:39
Message #2

Faudrait voir à se calmer

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N° 1


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Le balbuzard est un drôle d'oiseau qui fuit la scoumoune comme la peste et déteste se faire empapaouter par toute cette bande de cucurbitacées qui font le pied de grue aux bord des routes avec leurs ivressomètre.

Il lui arrivera plus souvent de se poser sur la tête d'une Aphrodite de pierre que sur un vulgaire mégalithe de béton, simple question de prestige et comme dirait le philosophe péripatéticien Théophraste c'est un véritable oligarque !


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N° 2


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L'abus d'alcool peut nuire à la santé (ou pas).


Contexte :

Un mec raconte un gros mytho pour tenter d'en abuser un autre qui fait grimper l'ivressomètre.
Une femme passe devant eux.

La conversation à partir de ce moment-là :

- Salope !
Scuse-moi copain, continu.

- Alors que je tombe de fatigue à force d'errer dans le désert depuis des heures en quête d'un peu d'eau et nourriture, je vois passer sur le sable, l'ombre d'un falconiforme.
Je relève la tête pour le regarder et crois distinguer un balbuzard ; je me dis que je vais peut-être enfin trouver de l'eau.
Je me redresse donc et avance en direction de la dune au-dessus de laquelle je l'ai perdu de vue.
J'atteins son sommet et aperçois en contre-bas trois mégalithes autour d'un quatrième.
Je les rejoins, mais la scoumoune continue à me suivre... Pas la moindre goutte d'eau ou miette à avaler à proximité et je me sens de plus en plus mal.
Par contre, je peux lire "manger" de gravé sur l'un d'eux, "boire" sur le second et "dormir" sur le troisième.
Celui du centre étant couvert de fientes d'oiseaux, je ne parviens pas à déchiffrer ce qui y est gravé.
Je dégage sa garniture avec mes mains et finis par pouvoir lire "se reproduire", avant de perdre connaissance.

- Ah merde.

- A mon réveil, je me retrouve complètement nu sur un lit, en face duquel trône une statue à l'effigie d'Aphrodite.
Tout à coup, un oligarque aussi nu que moi ouvre la porte et me dit "Il n'y a que des mecs aujourd'hui. Tu veux quoi, cornichon(1), courgette(2) ou melon(3) ?".
A moitié dans les vapes, je ne prête pas attention au fait qu'il ne me propose que des cucurbitacées et lui réponds "courgette"...

- Ben t'en as eu d'la chance en fait !

- Oui, beaucoup.

- Qu's'est passé après ?

- Je me suis fait empapaouter...
Et depuis, ça me dit.

- Samedi ?

- Ça me dit, où ça te dit, si ça te dit.

- Non, samedi !

- Ça me dit aussi.

- J'comprends pas.

- Tu veux ou tu ne veux pas ?

- Ben j'veux, mais j'y arrive pas...
J'ai trop picolé, j'ai plus les idées claires.

- Ne t'inquiète pas, je t'aiderai.
Au pire, je te donnerai de la courgette si tu veux...

- Ah ? Ça dessaoule la courgette ?

- Oui, ça réveille.
Tu ne vas pas en laisser si peu dans la bouteille ?!
Prend encore une petite gorgée !


(1) : une femme (rien aujourd'hui)
(2) : un "actif"
(3) : un "passif"

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N° 3


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Cher reekoo,

j'ai vu que tu relançais une édition de Montre un peu. C'est bien. J'ai aussi vu quels étaient les mots que tu avais choisis. C'est moins bien.

Franchement, comment veux tu arriver à placer dans un même texte des mots aussi différents que "Aphrodite" et "cucurbitacée"? Ho, je te vois venir, saligaud. Tu vas me dire qu'il me suffit de comparer les formes de la déesse à la rondeur des courges et des melons. Digne d' un Arcimboldo vulgaire et lubrique. Mais sache, cher reekoo, que contrairement à toi, j'ai du respect pour la gent féminine, et que je ne m'abaisserai donc en aucun cas à des métaphores aussi infamantes pour la déesse de l'amour.

Et puis "mégalithe", franchement... Un mot que tu as bien évidemment choisi dans le but de nous inspirer des textes érotiques ou même pornographiques. Ne nie pas, cher reekoo, je connais trop bien ton esprit pervers et malade. Et bien sache, jeune homme, que cela ne prend pas avec moi, car le stupre et la débauche me sont absolument étrangers. La bave avilissante de l’obscène crapaud que tu es n'atteint pas la blanche et pure colombe que je suis.

Venons en à "scoumoune", maintenant... A-t-on déjà vu mot plus laid, plus boiteux, plus mal équilibré? Un mot qui commence par scou et qui finit par moune... Je crois que cela se passe de commentaires. Non, vraiment, cela n'est pas possible.

"Oligarque" est un mot que je ne peux pas utiliser non plus, car je me tiens aussi éloigné de la politique que possible. Il est de notoriété publique que ce milieu ne connaît ni pudeur, ni morale.

Quand au "balbuzard", je n'ai qu'une vague idée de ce dont il s'agit, et, ayant prêté mon dictionnaire à ma tante Marie-Eulalie qui ne me l'a jamais rendu (Dieu lui pardonne ce péché mortel), je me trouve dans l'incapacité de vérifier la définition. Mais je me doute bien que, là encore , il s'agit d'une pratique que la morale éprouve.

Et puis "ivressomètre", vraiment... N'as tu aucune pudeur? Faut il vraiment que tu ajoutes l'alcoolisme à la longue liste de tes vices?

Tu vois donc, cher reekoo, qu'utiliser dans un texte les mots infâmes que tu as choisis serait aller à l'encontre de mes convictions les plus profondes et les plus sacrées.
Même si j'aurais souhaité participer, cette cinquième édition devra donc se passer de moi.
Quant à toi, saches que si tu tentes de me faire changer d'avis, j'aurai à cœur de t'envoyer aussitôt te faire empapaouter en enfer.

Affectueusement

Martin de Saint Téton

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N° 4


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CONFEDERATION AUTONOME DE LA PLANETE ARAMELDIA
BUREAU D'ENQUÊTES SPATIALES

Rapport N° AF1024/4A2 du 23-4296-10

Epave du cargo Balbuzard
Lieu du crash : 3e planète de Gamma Tauriçae, constellation de Germüz.
Date du crash selon les données de l’I.A. embarquée : 98-4176-FA
Marge d'erreur : + / - 157 cycles
Cause du crash : inconnue.

Transcription du journal de bord

CITATION
A2-4075-22
cargo Balbuzard en transit pour C-barganee du Raptor / ordinateur central Aphrodite / consigne 43a6d>7B / sujet Ersham Carteladou / démarrage de la séquence de sortie de stase

A2-4075-23
l'I.A. m'a apparemment sorti de stase légèrement plus tôt que prévu, à 2A7 cycles près, on ne va pas chipoter…
Maudite machine plus belle qu'intelligente ! Ses concepteurs ont finalement eu raison de l'appeler Aphrodite : tout sur le capot, rien dans la caboche !

A2-4075-29
Quand on a la Scoumoune, c'est jusqu'au bout !
Je suis toujours le seul que ce tas de ferraille a sorti de stase.
6 cycles que je me traîne ce mal de crâne.
Plus les stases passent et moins je supporte les réveils.

A2-4075-7A
séquence illisible

A2-4075-BC
Pourquoi j'ai pas fermé ma gueule, moi ?
Aux dernières nouvelles, Aphrodite n’a aucune intention de réveiller qui que ce soit d’autre, ni de me remettre en stase. « Ordre supérieur », paraît-il…
Certainement une autre plaisanterie des Oligarques, toujours aussi prompts à vous empapaouter.
Depuis qu'ils ont pris le pouvoir, les emmerdes n'ont fait que s'accumuler !
Pure coïncidence ?

A8-4075-**
Impossible de trouver la commande d'override des cette saloperie d'ordinateur central.
12 quadrants que je m'acharne dessus sans résultat.
"Vous n'êtes pas habilité à utiliser cette commande", il ne sait dire que ça !
Je dois trouver comment contourner les directives que ces enfoirés lui ont donné, sinon je ne rentrerai jamais...

AF-4075-05
Si leurs séides ne m'avaient pas alpagué avec leur ivressomètre, jamais je n'aurais embarqué sur ce foutu cargo !
J'aurais dû refuser d'aller voir ce soi-disant mégalithe et purger mes 200 cycles peinard.
Qu'est-ce que j'en ai à foutre, moi, de ce caillou paumé au fin fond de la galaxie ?

AF-4075-67
croisement d'un flux de protons qui a endommagé des cristaux de rétention. séquence illisible

AF-4075-FE
Il faut vraiment que je fasse tout pour ne plus retourner sur Arameldia après cette rotation, j'ai plus l'âge pour ces conneries.
Comment faire pour récupérer les quelques Kopeks que j’avais mis de côté sans éveiller leurs soupçons ?
Peut-être que Jarvis acceptera de m’aider, il me doit bien ça, le vieux salopard.
Mais combien va-t’il exiger pour ça ?

C1-4075-16
Ça fait une éternité que je n'ai rien consigné dans ce journal.
Probablement parce qu'il n'y a rien à dire.
Ha si, les courges du jardin hydroponique ont fini par mûrir, finalement.
Dommage que je déteste les cucurbitacées
fin de séquence illisible

C1-4075-78
...

01-4076-D0
séquence illisible

13-*0#9-*2
séquence illisible

C*-*1*6-@7
séquence illisible

*X-U**&-**
séquence illisible

fin de la transcription



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N° 5


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Comme le disait si merveilleusement Franquin, Il y a des papous, il y a des poux et il y a des papas. Il y a des papous papas, mais aussi des papous pas papas et des papas pas papous. Il y a des poux papas, mais aussi des poux pas papas et des papas pas poux, des papous à poux, des papous à poux papa, et des papous à poux pas papas, des poux pas papas, des papas ni papous ni à poux.

Imaginez que nous parlions de ces papous (qu’ils soient papas ou pas papas, qu’ils soient à poux ou pas à poux) et que nous devions relater la manière dont chacune des catégories, énumérée ou pas, s’est fait empapaouter : le papou papa à poux empapaouté ou même le papou pas papa à poux pas papa empapaouté.

Cela deviendrait vite illisible. Pour simplifier, nous remplacerons donc les papous, les papas, les poux et toutes leurs déclinaisons par un terme générique choisi au hasard comme, disons… « oligarque ».

Or donc, ces « oligarques » se sont fait berner et nous allons vous conter leurs mésaventures. Il faut avouer qu’avoir une pareille scoumoune dépasse l’entendement.

Mais narrons enfin cette histoire abracadabrante au suspens à peine soutenable.

Tout commença un banal matin, lorsque les oligarques se réveillèrent. Certains oligarques oligarques pas à oligarques jusqu’à ce jour, constatèrent qu’ils avaient des oligarques dans les cheveux, oligarques probablement oligarques, puisqu’il y avait même, après examens, des œufs d’oligarques.

Le chef des oligarques, (l’Oligarque) en ayant eu vent, rassembla tous les oligarques au centre du village et décida, pour des raisons d’hygiène et de salubrité évidentes, qu’il était urgent d’agir contre les oligarques et qu’il fallait prendre des mesures drastiques pour éradiquer une fois pour toutes les oligarques du village.

De nos jours, oligarque ne veut pas dire sous-développé, et l’Oligarque se rendit dans sa hutte pour consulter les informations disponibles sur la toile.

Après quelques heures de recherches sur des sites spécialisés (et également quelques détours vers d’autres sites plus « récréatifs » dédiés à Aphrodite et à ses déclinaisons) il prit la seule décision qui semblait judicieuse : il alla consulter le vieux sage.

Ca tombait bien. Le mage venait d’avoir une vision et était persuadé que les oligarques avaient été amenés en ces lieux par un balbuzard d’Australie qui s’était égaré dans la région. Ce rapace rachitique et valétudinaire pêchait régulièrement dans la rivière proche du village.

Le capturer fut un jeu d’enfant pour les oligarques, qui prirent cependant garde de se protéger afin de ne pas récupérer les oligarques qui pullulaient sur le corps de l’oiseau. Il fut rapidement saigné et brûlé. Le sorcier mélangea le sang récupéré et les cendres, décrypta les signes et rendit son oracle : Le remède sera tiré des fleurs de coloquintes (qui, comme chacun le sait, font partie de la famille des cucurbitacées ; mais nous nous égarons) qui poussent au pied des mégalithes ancestraux, sur les flancs du Mont Giluwe.

L’expédition, formée des plus valeureux oligarques, se mit en route le jour même. La troupe se scinda en deux, les oligarques sans oligarques et les oligarques à oligarques.

Moins d’une heure plus tard ils étaient de retour (le champ se trouvait juste en dessus du village, à une centaine de mètres). Les oligarques sans oligarques avaient récupéré les fleurs, les oligarques à oligarques les cucurbitacées. Les fleurs furent immédiatement étalées pour être séchées, les fruits pressés et leur jus mis à fermenter.

Les préparatifs durèrent une bonne semaine, principalement pour laisser le temps au nectar de terminer sa fermentation, après avoir été mélangé aux fleurs lyophilisées.

Les festivités, essentiellement consacrées à la consommation immodérée de la liqueur de coloquinte, continuèrent pendant 48 heures sans interruption.

L’anthropologue québécois Gidéon Chapdelaine qui étudiait dans la région, arriva par hasard dans le village au matin du troisième jour. Il trouva les oligarques hébétés, certains titubant dans les rues, d’autres dormant dans les endroits les plus improbables. Son premier réflexe fut de faire souffler dans un ivressomètre l’un des rares oligarques qui en était encore capable. L’instrument ne résista pas à l’épreuve !

Gidéon constata qu’autour des oligarques, des oligarques morts s’amoncelaient. Doté d’une vive intelligence il comprit aussitôt qu’ils avaient été victimes des effets du breuvage et appréhenda immédiatement les bénéfices qu’il pourrait tirer en brevetant l’effet oligarquicide de la préparation.

Il soutira au sage les secrets de la fabrication de la décoction et s’en fut faire fortune à l’autre bout du monde.

L’oligarque n’apprit la supercherie que quelques années plus tard. Il regretta de ne pas avoir résisté d’avantage aux pressions de l’anthropologue, mais il se fit une raison : « Zé essayé, zé pas pou, » comme dirait Francesco Loscopi



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N° 6


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Pourquoi dit-on :


- "un bal bizarre" et non "un balbuzard" ?

Selon moi :
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- "c'est pas Aphrodite" et non "affreuse Édith" ?

Selon moi :
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- "un grand lit" et non "un mégalithe" ?

Selon moi :
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- "oligarque" et non "au lit mon gars" ?

Selon moi :
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- "empapaouter" et non "emmamaniner" ?

Selon moi :
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- "scoumoune" et non "shookmoon(*)" ?

Selon moi :
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- "cucurbitacée" et non "bicurcutacé" ?

Selon moi :
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Et vous, quels sont vos avis ?

Ah, au fait :
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N° 7


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Petite guide de survie en société à l’usage des inadaptés chroniques


• Il n’est pas impossible que vous entreteniez une passion dévorante pour des choses aussi fascinantes que l’élevage en batterie des larves de hanneton, ou la collection d’instruments de musique tribaux insolites dont la forme rappelle vaguement celle d’une variété de cucurbitacées ne poussant que dans une vallée reculée d’Amérique du Sud. C’est tout à votre honneur, et exhiber fièrement dans votre salon des ouvrages sur la longueur comparée des serres des balbuzards mâle et femelle ou des livres de cuisine ne contenant que des recettes à base de potiron nain est après tout une suite logique à votre engouement. Cependant, gardez toujours à l’esprit que ces centres d’intérêt ont de fortes chances de n’inspirer que vous – et éventuellement votre petite cousine timide, celle qui est toujours d’accord avec ce que vous dites –, mais que vos amis et convives vous seront plutôt reconnaissants si vous choisissez de garder votre fascination pour vous seul.

• La franchise n’est pas toujours une bonne chose. Il est fort aimable de votre part de vouloir faire remarquer au jeune homme en face de vous que son humour est désespérant et son haleine à peu près aussi agréable qu’une émanation de gaz toxiques, mais assurez-vous quand même avant de parler que le jeune homme en question n’a pas la carrure d’un mégalithe, voire un statut d’oligarque parmi un petit groupe de semblables prompts à remettre les poings sur les i lorsqu’ils se sentent vexés.

• Honnêtement, vous n’avez pas beaucoup de succès pour communiquer avec… globalement, le reste de l’espèce humaine. Il peut en effet être délicat de se faire comprendre quand on vit dans une réalité un tantinet en décalage avec celle du commun des mortels. Ce n’est pourtant pas faute de faire des efforts pour que vos idées ne paraissent pas si incongrues qu’on aurait envie de vous tendre un ivressomètre ou la carte de visite d’un psy. C’est vrai, quoi, vous allez vraiment finir par croire que vous avez la scoumoune, au bout d’un moment. Dans les situations d’incompréhension les plus périlleuses, il est recommandé de suivre un conseil simple : arrêtez de parler. De toute façon, quoi que vous disiez, vous ne ferez que vous enfoncer davantage.

• Votre perception de l’art n’est pas toujours bien comprise par ceux qui vous entourent. Si rien, certes, ne vous empêche d’exprimer vos éclairs de génie en créant des sculptures principalement constituées d’un assemblage de flacons de liquide vaisselle vides, rappelez-vous que rien ne vous oblige non plus à prodiguer une longue analyse commentée de votre création à vos connaissances – surtout si ces dernières s’extasient plus volontiers devant une naissance d’Aphrodite (ou peut-être bien Vénus, vous n’avez jamais vraiment su faire la différence de toute façon...) de Botticelli que face à une exposition d’art postmoderne conceptuel.

Armé de ces sages conseils (qui ne sont au demeurant qu’un très petit échantillon), vous voilà donc, cher inadapté, prêt à affronter ce quotidien qui vous fait constamment vous sentir incompris, et ces congénères qui tournent trop souvent votre naïveté en dérision. Vous n’aurez ainsi plus l’impression de toujours vous faire empapaouter... cela dit, par pitié, n’employez pas ce genre de mots.
Non, vraiment, personne ne comprend ce que vous dites.


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N° 8


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S'il existe une machine capable de prendre la mesure de mon ébriété, je pense que je fais péter les scores. Exploser l'ivressomètre. Ça sent la putain de gueule de bois, la bûche, le tronc, le mégalithe en travers du crâne, coloscopie mentale. On t'as pas dit quand t'étais p'tit, "faut pas mélanger l'alcool et les médicaments" ? Pas d'bol Anatole, c'est pas ma faute ! J'ai la scoumoune, la faute à pas d'chance, tu comprends ? Ça tourne. Les motifs dansent, les vautours volent et les balbuzards balbutient. Laissez-moi ! Laisse-moi, papa ! Au lit ? Oligarque empâté, tu m'empapaoutes dans ton baragouin indoeuropéen de cryptocommuniste ! C'est cela, n'oublie rien, procède exhaustivement, jusqu'au quatorzièmement ! Dimorphe horodateur, ton crâne est une enclume, tu te nourris de ton opuscule et par rétroaction tu recraches sur moi la purée de ton cervelas, le haggis pestilentiel de ta vilenie ! Arrière ! Retourne dans l'ombre de ta ziggourat, que je ne voie plus le frémissement de tes zygomatiques, replonge dans l'oubli dans la concavité de ta cellule ! Je pars !

Tous à bord ! Tous ! Un couple de chaque, vite, les eaux montent ! Mignonne, donne-moi la main, veux-tu ? Gerbille et gerboise, sont-ce différentes espèces ? Vite, avant le grand savon divin, le sulfatage cosmique, l'insécable permafrost marmoréen et les magmas gargantuesques ! Embarquez les alligators ! Plus de place pour l'ornithorynque ? Tant pis, nous le rebâtirons d'un canard et d'un castor ! Seigneur, mais quelle est l'ancre qui nous maintient au port ? Pourrons-nous nous défaire des téguments mondains, entravés sans chaînes, sédentaires par l'esprit ?
Je suis perdu dans des méandres. Je vois au loin mon Aphrodite, des lianes se tissent et se resserrent sur ses souliers sertis. Des tubercules, des tentacules, des crudités, des cucurbitacées ! Arrière, assez !

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N° 9


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Putain, j'aimerais tous les envoyer chier. Qu'ils aillent se faire mettre, foutre, empapaouter ou que sais je encore... Ils sont tous là, autour de moi, à m'encercler, à me demander si ça va.
Qu'est ce qu'ils veulent que je leur réponde? Non, ça va pas. Elle est morte. Mon Aphrodite, mon unique amour. Je veux être seul, s'il vous plaît...
Non, parler ne me fera aucun bien. Depuis quatre jours, depuis qu'elle n'est plus là, j'ai un rapace à l'interrieur de moi qui me lacerre le coeur de ses serres , un babuzard qui me dévore les entrailles.
Je les hais, ces hypocrites qui me tendent leurs mouchoirs. Cette grosse femme avec son cul aussi large qu'une courge, cet imbécile à tête de cornichon, ce vieux au nez en forme de courgette... Une belle brochette de cucurbitacées. Oui, j'ai bu, et alors? Non, j'ai pas bu, d'ailleurs, c'est en dessous de la vérité. Je me suis bourré la gueule, à tel point qu'uncun ivressomètre au monde ne doit plus pouvoir mesurer mon taux d'alcoolémie. Je me suis rempli de vinasse pour noyer l'oiseau de malheur qui me détruit de l'intérieur, mais ça n'a rien changé. J'ai toujours mal, la solitude m'étreint toujours, ma vie n'a plus de sens. Bien sûr, je lui ferai faire une belle tombe, un mégalithe digne d'un oligarque, mais ça n'empechera pas les vers de bouffer son petit corps gracieux, ça ne l'empechera pas de moisir sous terre... Qund je pense que c'est la troisième à m'être arrachée comme ça... J'ai la scoumoune, encore et toujours.
Cette fois, c'est fini, je ne prends plus de chiens, je vais m'acheter un poisson rouge.

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N° 10


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L'Aphrodite bar


C'est ainsi qu'en cet après midi, veille d'Halloween, tandis que mon caddie venait de perdre, comme de bien entendu, une roue dans le bas de la rue sous le poids de mes cucurbitacées achetées en prévision de la soirée, J’eus donc envie d'une pause café !

Peu de monde à la terrasse du bar central de la ville «L'Aphrodite». le temps ne s’y prêtait d’ailleurs pas, et par souci de préserver ma tranquillité, je m’étais même ménagé un espace “tampon” entre la table que j’occupais et mes voisins les plus immédiats ...Ce n'est pas que je boude, mais de temps en temps j’aime avoir la Paix!

J’étais installée depuis une vingtaine de minutes, juste le temps de voir et surtout d’entendre s’attabler à mes côtés trois personnes… Deux à peu près “normales” (pour sacrifier aux lieux communs à la mode), et une sorte d’olibrius vociférant et agité, tenue tropézienne, chemise relevée sur gros bras bronzés et poilus, torse béant donnant lui même sur un poitrail velu, il portait sur lui une énorme gourmette en or complétée par bracelet du même métal, juste de quoi faire pâlir d’envie un champion du vol à l’arraché. Quelque chose finalement représentant la catégorie du Beauf qui aime empapaouter! Sans doute est ce même la raison pour laquelle ils s’aspergent souvent d’eau de toilette très fortes, à ce point qu'il aurait eu une excuse raisonnable pour refuser de se soumettre au test de l'ivressomètre! Et encore, il me semble avec celui là être en dessous de la vérité !

A vrai dire, absorbée dans la lecture de mon quotidien préféré, j’aurais très bien pu ignorer son arrivée et même sa présence. Il aurait suffi pour cela qu’il parle au lieu de crier et que sa conversation reste sur un ton réservé à ses accompagnateurs…

J'en renverse mon café ! Depuis ce matin d'ailleurs j'ai l'impression d'être d'une maladresse folle. Une sorte de scoumoune semble s'abattre sur ma personne, ce n'est pas mon jour on dirait !

«Le mystère des mégalithes subsiste toujours : ces derniers seraient les ... »titrait la page principale. Après quelques efforts pour tenter de retrouver mon attention et ma quiétude il m’a bien fallu en convenir, je ne parvenais plus à porter quelque attention que ce soit aux nouvelles du jour ...
Jamais je n'ai 'entendu un individu parler aussi fort qu'un balbuzard à une terrasse de café. J’ai même cru un instant qu’il était en train de téléphoner au Pays ! Même pas, c’était bien à ses deux comparses qu’il s’adressait … Bien entendu, c’est de lui même dont il parlait, Je compris vite que cet oligarque vociférant avait tendance à toucher à tout, Il fut tour à tour question d’automobiles, de conquêtes féminines… Un véritable florilège d’affaires toutes aussi fumeuses les unes que les autres et dont il ressortait à chaque fois vainqueur et bénéficiaire … les millions volaient, les noms aussi, pour un peu c’est moi qui aurait eu honte et qui me serais sentie gênée !

Tout cela durait depuis bientôt une demi heure …

C’est alors que me vint l’idée de mettre un terme à cette situation …
Je fermai ostensiblement mon livre et la tête dans mes mains mais mes yeux dans les siens, je me suis mis dans l’attitude de quelqu’un qui l’écoutait avec la plus grande attention et qui ne perdait pas une seule de ses paroles ...

Cinq minutes plus tard, il demandait l’addition et il s’en allait !
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reekoo
* 12/10/2012, 11:07
Message #3

Faudrait voir à se calmer

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N° 11


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Monsieur Houx était grand et costaud, sa silhouette, de loin, faisait penser à un mégalithe sur pattes ! Pour cela, certains le craignaient alors qu'il était aussi tendre qu'une cucurbitacée trop cuite !

Éric, mais tout le monde l'appelait Rick, était un homme de confiance, il n'avait jamais empapaouté personne et avec lui tout obstacle s’aplanissait comme par magie car il était aussi influent qu'un grand oligarque Russe.

Ses affaires marchaient bien, jamais la scoumoune ne s'était mise en travers de son chemin, il était chanceux, tout lui souriait.
Certaines fois, il me faisait penser à ces grands balbuzards très hauts dans le ciel, fiers, puissants courageux et libres.

Malheureusement il avait une faiblesse, Rick Houx aimait un peu trop le bon vin...

Et quand il me disait que j'étais balancée comme un Maillol ou que j'étais son Aphrodite, c'était sans contexte qu'il avait trop bu. Non pas que je fus laide mais l'abus d'alcool l'émoustillait et il fallait alors que je trouve un prétexte pour le fuir rapidement et ainsi éviter les embêtements.

Le lendemain, il avait tout oublié y compris le fait qu'il était rentré chez lui, ivre mort avec sa voiture ! Chaque fois j'étais étonnée qu'il ne lui soit rien arrivé ni qu'il n'ait croisé sur la route les gendarmes avec leurs ivressomètres, comme il se plaisait à les nommer !

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N° 12


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-NooOoooOoooonnnnnnnnnN, j'peux pas, j'vous dit ! baragouina-t'il, en se frottant vigoureusement le nez.
- Monsieur, ayez l'amabilité de vous tenir droit et d'ôter votre main de mon épaule. Voilà, c'est mieux, constata l'agent, alors que le gars se relevait mollement. Maintenant, veuillez souffler dans cet ivressomètre, ajouta-t'il, en le lui tendant pour le seconde fois.
- Pas possib' ! Peux pas !
- Je pense que si. Il vous suffit de porter ce tube à votre bouche et de souffler de manière continue...
- C'est l'autre salope, là ! le coupa-t'il, Aphrodite de merde, tiens ! pleurnicha-t'il, la tête soudainement appuyée sur l'épaule du flic. J'ai la scoumoune avec les modèles, sergent. Elles posent, pi elles finissent toujours par me poser là, comme un pov' crétin, un mégalithe de la connerie qu'est tombé amoureux !!!
Les propos, entrecoupés de sanglots, étaient peu clairs, mais l'officier, rompu aux crises nerveuses et autres détresses alcoolisées, reconstitua l'essentiel du discours.
- Tout d'abord, je ne suis pas sergent, Monsieur, et bien que je puisse comprendre votre chagrin rien ne justifie le fait que vous ayez projeté un véhicule à 2 roues dans l'étal de ce primeur ! Je vais devoir vous conduire au Poste pour une prise de sang...
- Ha, ha, ha, ha, rigola le gars, l'air tout content de lui, j'ai concassé du cucurbitacée !! Que tous les primeurs de l'univers aillent se faire empapaouter !!! hurla-t'il, les poings levés. Je suis sculpteur, moi, Môssieur, sculpteur !!!!
Le type se redressa, passant un main dans ses cheveux pour les réordonner et n'y réussissant guère. Puis il pris la pose, une posture pleine de noblesse et de morgue, digne d'un oligarque russe couvert de quelques kilos de médailles, la main sur la poitrine, le regard inspiré, lointain. Bref, ridicule.
- Bien ! Lâcha le policier, dont le stock de patience arrivait visiblement à épuisement, vous êtes sous l'emprise de l'alcool, il est ...
- Wouuuuuuuuuuuhouuuuuuuuuuuuuuuu, quel sens de l'observation, ricana l'artiste, z'avez l'œil du balbuzard, dites-moi, colonel ?!!!
Ce qui ne fit toujours pas rire notre inébranlable gardien de la paix qui finit par charger l'énergumène dans sa voiture.


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N° 13


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Des légumes et des dieux


Il était une fois, dans un pays lointain
Un vieil homme adorant les cucurbitacées
Potirons et melons peuplaient son potager
Calebasses et citrouilles habitaient son jardin

Des couleurs, des odeurs, des formes par milliards,
Pastèques et cornichons, patissons, courgerons,
Concombres, coloquintes et courgettes à foison
Tel était fait l'Eden de l'auguste vieillard.

D'une courge surtout il était amoureux
C'était un mégalithe, un légume divin
Une merveille, un chef d'oeuvre, un trésor enfin
Un énorme joyau, la prunelle de ses yeux

Mais un beau jour, sous la forme d'un balbuzard
Le grand Zeus, roi des Dieux, survola ce légume
Vexé par sa beauté, il hérissa les plumes
Jaloux et humilié, il s'en fut, revanchard.

Il retrouva l'Olympe et les onze autres dieux
et leur narra bien vite ce qu'il avait vu :
on vénérait sur terre une idole joufflue,
un légume géant, orange et plantureux.


Les divins oligarques en furent forts marris
Aphrodite surtout pleura. Ô, la pauvrette...
A ses formes girondes, à ses courbes parfaites
Pouvait on préférer cette courge ennemie?

Il leur fallait détruire ce légume orgueilleux
La décision fut prise d'un commun accord
Sitôt dit, sitôt fait, Zeus foudroya alors
la courge gigantesque. Et s'ouvrirent les cieux!

Effrayé par l'éclair, le vieillard sursauta
Il se leva bien vite et ouvrit sa fenêtre
Comme il avait trop bu et que l'ivressomètre
atteignait des sommets, d'abord, il n'y crut pas:

Plus de courge, plus rien, rien qu'un sol calciné!
Ce n'était pas possible, c'était incroyable
Un jardin si fertile et une terre arable
en un instant détruits, anéantis, brûlés!

Pourtant c'était bien vrai... La courge n'était plus
Le vieil homme pleura, hurla son désespoir
S'épancha en insultes et cris blasphématoires
Versant des larmes sur son bonheur disparu

Plus tard, il réfléchit... Vivre sans jardiner
Lui était impossible. C'était trop douloureux
Mais il serait puni par les dieux orgueilleux
S'il plantait de nouveau des cucurbitacées.

Il eut alors l'idée de travailler caché
Il était observé, surveillé par les dieux
Soit! Il cultiverait donc à l'abri de leurs yeux
Il tenait sa vengeance, il en fut consolé.

Alors l'homme planta des légumes racines
Navets, carottes, oignons, choux-rave et salsifi
Ail et rutabaga, tubercules, radis
Et un topinambour aux proportions divines

Du ciel, pas de légumes, rien à signaler
et les douze olympiens n'y virent que du feu.
Quant au cultivateur, il était fier, heureux
de les avoir ainsi tous empapaoutés

Mais hélas! Le vieil homme n'en avait pas fini...
Il avait la scoumoune, et son jardin sous terre
attira l'attention d'Hadès, dieu des enfers.
Son topinambour fut donc vite anéanti...



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N° 14


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Image IPB


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N° 15


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En terme de sordide, la chambre de l’hôtel miteux n’avait rien à envier au quartier lugubre des docks de cette zone industrielle au bord du Saint-Laurent.

« Tu sais, j’ai vraiment très peu d’expérience », dit Lison. « Tout juste si je ne suis pas encore pucelle ».
« Ne t’inquiète pas », lui répondit Mike, « la mienne est comme un bébé ».

Les murs de l’hôtel se souviendront encore longtemps du long cri d’horreur poussé par la jeune fille, lorsqu’elle ressortit de ce qui faisait office de douche.
Probablement qu’une ou deux fissures s’étaient agrandies, que quelques morceaux supplémentaires de plâtre s’étaient détachés et que le papier peint s’était encore un peu plus décollé sous la stridence de son hurlement.

Le taulier avait même soufflé dans l’ivressomètre pour s’assurer que le bruit déchirant qu’il avait perçu n’était pas le résultat d’une consommation abusive de l’alcool bon marché qu’il achetait aux trafiquants du coin. Visiblement non ; il n’avait que 3 pour mille cette nuit.

Mike n’avait pas l’air de comprendre. « Ben oui quoi, comme un bébé, 49 cm, 2 kilos 950 grammes »

Qui aurait pu imagine, en examinant sa silhouette si élancée, si racée, sa manière de se déplacer aérienne comme un balbuzard qu’il cachait dans son futal un mégalithe et des cucurbitacées de cette taille.
Nul doute que dans ce domaine, ce devait être un oligarque.

Lison ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle s’était fait empapaouter sur ce coup là (au sens figuré du terme, heureusement) et que, définitivement, elle avait la scoumoune avec les mecs.

Impossible de croire qu’elle pourrait être une Aphrodite ce soir, même pas une dont on fait les pipes si estimées.

Elle prit la seule décision qui s’imposait. Elle envoya Mike sous la douche, et dès qu’il commença à faire couler le filet d’eau rachitique, se rhabilla en toute hâte et pris ses jambes à son cou.

La brume qui recouvrait le quartier était si dense que même un bucheron du grand nord aurait eu de la peine à la débiter à la tronçonneuse. Elle en fût plus rassurée qu’inquiète. Personne ne saura par où elle s’était volatilisée et on ne la retrouvera pas.

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N° 16


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- Rayon 13, Étagère 24, casier 1 : un balbuzard empaillé en bon état sur son socle portant une plaque de cuivre gravée du texte : Balbuzard pêcheur, Ontario, Canada.
- C'est quoi l'Ontario ? demanda le gamin en levant le nez de son registre.
- Une région de l'ancien pays que l'on appelait Canada. En fait une zone géographique délimitée par l'administration.
- Et pourq..., commença le gosse.
- Non, plus tard, petit, plus tard, il faut finir ce rayon aujourd'hui. On ne sait pas quand les pluies dévoreuses vont recommencer.
- Oui, Prof !
- Casier 2 : Calebasse ciselée de motifs abstraits, portant une étiquette de carton notée : cucurbitacée séchée du Mali servant de gourde. Casier 3 : cristal de roche non taillé provenant de …
- C'est quand qu'on s'occupera de la grande salle ? Je voudrais bien revoir la statue de la femme, Prof, celle à côté des gros cailloux.
- L'Aprhodite ? Hum, je comprends qu'elle t'ait plu, c'est certainement l'une des plus belles œuvres de cet entrepôt. Quant aux "gros cailloux" que tu sembles mépriser, jeune homme, sache qu'il s'agit de mégalithes du néolithique, provenant de Corse à mon avis, car leurs visages...
- Ouais, mais la femme, quand est-ce que je pourrais la revoir ? le coupa-t'il encore.
- Oh, oh, mais quelle impatience ! pouffa le vieil homme.
Prof, s'interrompit soudain, semblant écouter avec attention.
- Tu n'entends rien ? demanda-t'il, pressant.
- Non, rien, répondit le gamin tout en se levant pour s'approcher de la porte de la grande salle de stockage. Vous entendez quoi, vous ?
- J'ai juste eu l'impression d'entendre des cris. Je redoute la venue des sauvages, ils ont attaqué le campement 2 fois ce mois. Ils ne pourraient rien faire de tout ça mais ils aimeraient certainement le détruire. Ce sont des brutes sans âmes.
- Amil et Prao gardent l'entrée, Prof. Ils nous auraient prévenus, vous savez, dit-il d'un ton rassurant. Même si Amil doit encore être imbibé d'alcool de tubercules, ajouta-t'il en souriant.
- Oui, pas besoin d'ivressomètre pour savoir que ce gaillard a bien fêté la naissance de son premier petit. Un petit sans malformations !!! Quelle joie pour tout le clan ! C'est important, les enfants, c'est vrai... mais je voudrais tellement que ces œuvres soient protégées, gardées de toute agressions, celles des hommes ou celles du temps, déclara le Professeur en tournant sur lui-même et en désignant les centaines de boîtes et casiers rangés sur les rayonnages. Je bénis mille fois celui qui a rassemblé tout ceci.
- Encore, oui ! C'est un saint, un génie et tout et tout, plaisanta le gamin.
- Ne ris pas, Pyer. Je peux bien t'expliquer ce qu'est une région, une démocratie ou un oligarque mais il FAUT que tu vois les masques Yoruba, les libellules, les vitraux et toutes les merveilles rassemblées ici. Tu comprends ?
- Oui, Prof, oui, je sais, acquiesça le gamin d'un air grave. Mais nous n'aurons jamais le temps de tout voir. Le chef voudra quitter la région dès que le froid et les pluies dévoreuses reviendront.
- Qu'il aille se faire empapaouter !!! Je resterai ici ! Je ferai des réserves de nourriture, je camperai seul tout l'hiver, répondit-il avec véhémence.
- Et les sauvages ? Ils viendront vous tuer dès que nous serons partis !
- Tais-toi ! lui intima le professeur. Tu vas me porter la scoumoune. J'ai survécu à la bombe, aux cieux embrasés, au long hiver, à la faim et à la solitude que tu n'as pas connue. Ici parmi toutes ces choses, je serai comme au paradis. Ne vois-tu pas ce que les hommes ont fait de beau, de grand ? Ne ressens-tu pas la joie que procurent ces merveilles de la nature ?
- Si, Prof, et je resterai près de vous cet hiver, affirma-t'il tranquillement.
- Merci, petit, merci, lui-dit le vieil homme en tirant une nouvelle boîte à lui.


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N° 17


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Francesco Loscopi, qu'on appelait parfois Le Mégalithe à cause de son imposante carrure, était de ceux qu'on n'empapaoute pas impunément. Oligarque imprimant sa griffe de fer sur toute la Sicile, il avait tout du rapace implacable. Tantôt aigle, tantôt vautour, tantôt balbuzard (car d'aucuns disaient qu'il avait beaucoup péché), il était un oiseau de proie craint et respecté.

Mais Francesco n'était pas qu'une brute épaisse, et sans doute devait-il sa part de douceur à sa femme de toujours, Dakota, qu'il avait rencontrée et emmenée avec lui alors qu'elle était dans la fleur de l'âge, à 11 ans et demi. Celle-ci était la part de tendresse que Francesco avait cherché de nombreuses nuits, après avoir descendu trois types et deux bouteilles de whisky. Quand il sentait qu'il avait dangereusement dépassé les limites autorisées par un ivressomètre défectueux, il marchait d'un pas décidé d'ivrogne vers sa demeure où il savait que sa Dakty chérie lui aurait mijoté une bonne soupe dont elle avait le secret, et dans laquelle il trouverait de quoi éponger son ivresse et sa peine. Quand son Aphrodite ne s'affairait pas à cultiver les cucurbitacées du potager, elle cousait, passant derrière lui pour s'occuper du trou de balle qui ne manquait pas de décorer ses habits après un corps-à-corps particulièrement âpre avec un adversaire.

Mais le destin est parfois retors et la scoumoune, qu'il combattait pourtant avec un nombre incalculable de bibelots porte-bonheur, finit par trouver son chemin jusqu'à Francesco. Ce fut sa Dakty aux doigts d'or, en dépit de sa grande application et de sa faible implication, qui provoqua sa perte. Un beau jour, on retrouva en effet ses empreintes sur un concombre dont s'était servi son mari lors d'un règlement de compte particulièrement obscur.


(Extrait de : LES MEMOIRE DE FRANCESCO LOSCOPI, 1er couteau de la COSA NOSTRA, sa vie, son œuvre.)

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N° 18


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Acte I
Scène 1
Madame de Beauravis, Cléonte, des convives


Madame de Beauravis
On dit qu'à l'apparence on ne peut le connaître
Qu'un regard aiguisé ne peut le dévoiler
Mieux que l'homme aviné brûlant l'ivressomètre.
Les ténèbres le drapent, et sa face masquée,
Sortie à n'en douter de quelque bal bizarre,
Laisse voir en ses yeux l'âme du balbuzard.

Cléonte
Ma douce, je crains bien que vous vous enflammiez
Pour un fantasme obscur, un héros triomphant
Qui ne peut s'épanouir en dehors des romans.
S'il ne faut que cela pour que vous vous pâmiez
Je puis me déguiser en romantique mage
En chevalier d'airain, en terrible oligarque
Rien ne m'est plus aisé qu'altérer mon image
J'ai, vous le devinez, plus d'une corde à mon arc.

Madame de Beauravis
Sous son manteau de suie c'est un esprit habile
Intraitable et rusé ; ils étaient mille à croire
Pouvoir déjouer le Masque, éteindre cette gloire
Qu'ils pensaient usurpée. Hébétés, immobiles
À la déclaration de l'homme sans visage
Ils se sont effacés, soudain devenus sages.

Cléonte
Je veux, mon Aphrodite, et ce bien qu'il m'en coûte
Éteindre en votre cœur ce rêve qui vous ronge
Tout n'est qu'imaginaire et tissu de mensonges
Un mirage grossier qu'il me faut mettre en doute
Je le vois s'éloigner de son pas emprunté
Un mégalithe obtus forgé de fatuité
Ma chère, allons toiser celui que l'on ne nomme
Car sous tout ce mystère est bien caché un homme.

Madame de Beauravis
Idiot, mais quelle idée de l'empapaouter !
De vous, il n'a que faire, c'est à n'en pas douter,
Votre unique profit sera le ridicule.
S'il vous ouvre les yeux, vous prendrez du recul :
Allez-y, mais sans moi, je ne me résous pas
Dans une même sottise à marcher sur vos pas.

Scène 2
Cléonte, le Masque


Cléonte
Je m'en excuse, Monsieur, n'y voyez rien de mal
Mais votre aura me pousse à venir vous parler.
De loin je vous ai vu, dans la foule animale
Émerger tel un roi de l'oisive mêlée,
Comme porté plus haut par des valeurs plus sages
Dédaigner sans remords les êtres de votre âge.
Cachez-vous sous ce loup votre dédain du monde
Ou est-ce simplement la face rubiconde
D'un grand homme exalté par un autre destin
Que celui si banal des simples êtres humains ?

Le Masque
Bin non, c'est juste que, comme j'avais de l’acné
J'voulais pas que ça fasse trop cucurbitacée
Alors je m'est caché sous ce vieux truc de teuf
J'me suis dis que comme ça j'pourrai serrer des meufs.
J'avoue, c'est pas trop top avec mon look metal
Mais quand t'as la scoumoune et des chtars sur la peau
Faut bien trouver des trucs pour essayer d'pécho.
Par contre hey tu l'dis pas, tu fais pas ton chacal !

Scène 3
Cléonte, Madame de Beauravis


Cléonte
J'ai manqué de respect, ma mie, à votre égard
En ayant méprisé votre avis clairvoyant.
L'homme s'est exprimé en un dialecte rare
Témoignage certain d'un esprit de haut rang.
Si je n'ai pu avoir dans notre court échange
L'entière appréhension de son intelligence
Je mesure malgré tout l'étendue de ma chance
Et rachète ma faute en sincères louanges.

Madame de Beauravis
J'ai bien du mal à voir, ici, mon cher Cléonte
Ce qui vous le fait dire : la franchise ou la honte.
On admettra sans doute, un jour, comme il se doit,
Que mon regard toujours est plus juste qu'on croit.



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N° 19


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Le service était terminé, la cuisine désertée. Debout, seul au milieu de ses fourneaux refroidis, il restait immobile, savourant la tranquillité des lieux après l’effervescence de la soirée. Pensif et déterminé, cet oligarque de la gastronomie se remémorait les événements des dernières semaines.

Il avait eu la scoumoune. La visite du service d’hygiène avait failli le détruire. Il lui fallait encore déterminer si la montée de la température de la chambre froide provenait d’une négligence ou d’un acte délibéré. Il penchait plutôt pour la seconde hypothèse. La descente des inspecteurs le lundi matin ne pouvait pas être le fruit du hasard, pas plus que la profusion d’articles assasins parus dans les médias dès le lendemain.

Mais il était solide comme un mégalithe. Il s’en relèverait et sortirait plus fort de cette épreuve.

Ils pourront aller se faire empapaouter, ces charognards, ces rapaces, ces balbuzards qui s’en étaient pris à ses étoiles et à ses toques.

Pour la réouverture, il avait convié l’élite de l’art de la table.
En entrée, le velouté de cucurbitacées avait fait l’unanimité. La suite ne fût qu’un enchaînement de commentaires dithyrambiques sur la qualité, la saveur et l’inventivité de ses préparations. Toute l’équipe, qui lui était fidèle depuis tant d’année, avait donné le maximum pour que cette soirée fût un triomphe. Son dessert, « Les délices d’Aphrodite », avait conquis les derniers sceptiques.

Le sommelier, de son côté, avait fait ce qu’il fallait. Les pandores se seraient frotté les mains s’ils avaient fait souffler les convives dans l’ivressomètre à la sortie du repas.

Le Chef était heureux. La cuisine c’était sa vie, donner du plaisir aux hôtes sa satisfaction, les goûts et les saveurs sa religion, les beaux produits son crédo.

Après cette soirée personne ne tentera plus jamais de l’en priver.
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